Demolition raconte l’histoire de Davis Mitchell, un brillant investisseur, indifférent après le récent décès de sa femme Julia dans un accident de voiture. Un comportement qui suscite l’incompréhension autour de lui, tandis qu’il s’efforce de combler ce manque d’émotion, notamment par la destruction. Il fait également la connaissance de Karen, une mère célibataire rencontrée par le biais de lettres de réclamation. Grâce à elle et à son fils, Davis va tenter de rebâtir sa vie.
Détruire pour mieux se reconstruire. Voilà comment le réalisateur Jean-Marc Vallée et le scénariste Bryan Sipe envisagent la question du deuil pour le personnage de Davis. Une terrible épreuve qui ne semble pas le toucher plus que ça. Au contraire, il se sent presque libéré, prêt à redécouvrir les choses qui l’entourent. Le spectateur pourrait, comme les autres personnages, trouver cette réaction démesurée mais bizarrement, c’est plutôt la curiosité qui l’emporte. Ceci est peut-être dû au fait que le film s’ouvre sur l’accident, ne nous permettant alors pas de connaître suffisamment Julia pour ressentir complètement son absence. De même, la soudaine honnêteté de Davis et son envie de tout détruire offrent plutôt des situations comiques et cyniques.
Ce n’est qu’au fil du récit, à travers des flashbacks ou des images instantanées que le poids de leur relation prend de l’ampleur. L’émotion n’arrive d’ailleurs que vers la fin à cause justement de ce manque d’attache. On bascule alors dans un mélodrame à contre-courant du ton général de l’œuvre, même si ce final reste cohérent avec le personnage.
On pourrait toutefois reprocher au film de vouloir trop en faire. C’est notamment le cas avec l’histoire du fils de Karen qui, même si elle est plus ou moins bien traitée, prend de trop grandes proportions et n’est pas amenée de manière assez subtile. La narration parfois désordonnée peut également déstabiliser le spectateur par moment mais les scènes s’enchaînent assez rapidement pour ne pas que l’ennui vienne déranger le récit. Le film bénéficie aussi d’une BO très entraînante et correctement utilisée.
Comme à son habitude, Jake Gyllenhaal est absolument fantastique, d’un naturel déconcertant et d’une précision de dingue dans son jeu. C’est le véritable atout de ce film car il permet de rendre chaque scène intéressante. Il est définitivement l’un des meilleurs acteurs de sa génération.
Le reste du casting s’en sort tout aussi bien : Naomi Watts, qui interprète Karen, est géniale comme Judah Lewis qui joue son fils, et Chris Cooper nous fait du très bon Chris Cooper. Cela fait également très plaisir de voir Heather Lind (TURN : Washington’s Spies) sur grand écran même si son rôle ne prend pas beaucoup de place puisqu’elle interprète Julia.
En bref, même s’il manque quelques fois de subtilité, Demolition reste un bon film sur le deuil permettant une nouvelle fois à Jake Gyllenhaal de nous présenter une excellente composition.
+ : Jake Gyllenhaal, Jake Gyllenhaal et Jake Gyllenhaal
– : parfois trop d’éléments
LA scène : le tir dans la forêt
- Note : 4 / 5
C’est intrigant… j’aimerais bien découvrir ce film du coup ! Je n’en avais jamais entendu parler. 🙂
J’aimeJ’aime