L’espace est un terrain de jeu fascinant pour les réalisateurs. Ces dernières années, plusieurs grands cinéastes ont tenté l’expérience et nous ont livré d’incroyables longs-métrages. Vous connaissez mon amour pour Interstellar de Christopher Nolan, ainsi que mon énorme coup de cœur pour First Man de Damien Chazelle. Après avoir été éblouie par The Lost City of Z, il me tardait donc de découvrir la nouvelle réalisation de James Gray qui nous emmène à son tour dans l’espace pour notre plus grand bonheur.
Partant d’un postulat de départ simple (Roy, un astronaute, part à la recherche de son père disparu au cours d’un projet spatial), Ad Astra se révèle être un captivant voyage intime aux confins de l’espace. Comme souvent dans ce genre de production, de nombreuses scènes revêtent un caractère métaphorique et poétique qui permet de proposer différents niveaux de lecture. Ici, en plus d’étudier cette relation père-fils plutôt complexe, le film explore également la solitude de l’homme et sa place au sein de l’univers. Pour cela, on nous présente un personnage principal dense et intriguant, dont la psychologie est sans cesse mise en avant, notamment lors des évaluations qu’il doit passer pour valider la suite de son périple, mais également au travers de la voix-off qui vient nous apporter des éléments importants concernant son état d’esprit. En plus des dangers que représentent les voyages, il doit encaisser les révélations faites à propos de son père. Sans en faire beaucoup, Brad Pitt apporte ainsi beaucoup de profondeur au personnage de Roy : les scènes où les émotions le submergent prennent de l’ampleur et confirment l’intensité du film.
Bien évidemment, l’aspect visuel est là pour soutenir les propos du long-métrage. Encore une fois, l’espace offre un grand éventail de possibilité en matière de plans et d’échelles. Ad Astra n’y échappe pas et on admire le jeu des couleurs et des textures, qui diffèrent selon la planète sur laquelle on se trouve. Le film contient aussi un savoureux équilibre entre les scènes d’introspection et les scènes d’action. Si ces dernières sont peut-être moins présentes que le laissaient penser les bandes-annonces, elles sont d’une grande précision et confirment la maîtrise de James Gray.
Tout aussi important, le travail sur le son mérite d’être souligné. L’espace a cette particularité d’être constamment effrayant et fascinant à la fois. Cette ambiguïté apparait dans le traitement sonore qui varie entre les sons perçus par les astronautes et la musique ambiante. Composée par Max Richter, la bande-originale allie parfaitement puissance et mélancolie (même si, dans mon cœur, elle n’atteint pas le niveau de celle de Justin Hurwitz dans First Man).
En regardant le film, j’ai eu l’impression d’avoir affaire au pendant de The Lost City of Z dans l’espace : une fausse lenteur, l’intime privilégié par rapport à l’action, les sublimes jeux de lumière, un acteur qui crève l’écran ou encore une douce mélancolie. La comparaison avec les autres productions du genre semble donc inévitable et, même si Ad Astra se retrouve peut-être légèrement en dessous des autres citées, il s’agit certainement d’un des grands films de cette année.
+ : la mise en scène
– : peut-être la fausse lenteur
LA scène : la course-poursuite sur la lune
- Note : 4,5 / 5
La bande-annonce :
Je te rejoins tout à fait, y compris sur la préférence pour le poignant « First Man ».
Evidemment, James Gray va un peu plus loin (dans tous les sens du terme), au risque parfois de perdre de la cohérence. Les très belles scènes d’action constituent un ensemble de péripéties qui auraient dû jouer un rôle plus important dans l’évolution de la personnalité de Roy. On sent bien que Gray se cale sur les écrits de Campbell pour bâtir son scénario qui lorgne à bien des égards sur les références mythologiques (et que sont ces planètes sinon les dieux de notre univers proche). Le père est bien sûr l’astre principal vers lequel le héros s’élance. Brad Pitt, qui fut jadis le puissant Achille dans un autre film, en offre une magnifique incarnation.
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Je me demande justement si nous ne sommes pas trop influencés par les autres productions déjà sorties. Un film comme celui-ci sorti il y a 7-8 ans, aurait peut-être eu un impact différent et on aurait pardonné les défauts plus facilement.
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C’est sans doute vrai. On attend toujours plus, toujours mieux, autre chose, à mettre les films en concurrence sans chercher d’abord leurs qualités et défauts intrinsèques.
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Un film en effet assez vertigineux, rappelant justement cette tendance qu’ont les films de SF / liés à l’espace (je rajoute la distinction pour intégrer First Man) de s’orienter vers des sujets et des tons plus intimistes, de nos jours. Le rapprochement avec The Lost City of Z est en effet indubitable et les deux films partagent énormément de points communs !… Dont le fait que ce sont de grands films. 🙂
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Excellent résumé ! Je trouve qu’espace et intime/poésie se marient à merveille.
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Très belle critique d’un film que je vais découvrir demain au cinéma. On en reparlera ensemble. Ce que tu nous en dis là, en plus des critiques dithyrambiques lus ici et là, j’ai vraiment hâte de le voir 😊
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Hâte de connaître ton avis 😉
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Je publie ma note demain 😉 Beau weekend à toi
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