Babylon

On ne présente plus Damien Chazelle : le jeune prodige du cinéma a réussi à prouver en seulement trois films (Whiplash, La La Land, First Man) qu’il faisait partie des plus grands réalisateurs du septième art. La sortie de Babylon était donc attendue au tournant et, une chose est sûre, son nouvel opus risque de diviser les spectateurs : certains l’érigeront au rang de chef-d’œuvre, tandis que d’autres seront outrés par les excès du réalisateur. Faisant partie de la première catégorie, je continue de penser que Damien Chazelle maitrise parfaitement son art, vous pardonnerez donc mon manque d’objectivité.

Fresque de plus de trois heures, Babylon raconte le destin de plusieurs protagonistes dans le Hollywood de la fin des années 1920, une époque notamment marquée par la transition entre le cinéma muet et le parlant. On y suit les parcours d’un acteur sur le déclin, d’une actrice qui va immédiatement rencontrer le succès et d’un immigré d’origine mexicaine qui cherche à intégrer ce milieu si convoité.

Explosif, outrancier et spectaculaire, Babylon ne nous offre que peu de répit au fil de son visionnage, durant lequel on assiste à des fêtes titanesques et à des tournages ambitieux qui virent parfois à la catastrophe. Damien Chazelle n’y va pas de main morte et les âmes sensibles au déversement de fluides en tout genre auront des palpitations. Ces excès retranscrivent une époque marquée par la démesure, mais s’arrêter uniquement sur cet aspect serait ne pas vraiment comprendre les véritables enjeux du long-métrage, qui est avant tout une nouvelle déclaration d’amour pour le cinéma de son cher réalisateur. Certes, on est face à quelque chose de survitaminé par rapport à La La Land, mais les propos restent toujours aussi forts, comme en témoigne notamment la dernière scène.

Alors oui, on pourrait reprocher à Babylon quelques baisses de tension dans sa troisième heure, bien qu’elles soient finalement le pendant de la chute de ses héros. On aurait pu aussi espérer un développement de certains personnages un peu plus profond, mais l’ensemble reste cohérent et surtout techniquement incroyable. Damien Chazelle continue en effet de s’entourer de sa fine équipe, à commencer par Linus Sandgren à la photographie qui nous offre à nouveau de sublimes lumières. Tom Cross rempile au montage qu’il parvient parfaitement à calquer sur la partition hallucinante de Justin Hurwitz, qui mérite amplement les prix qu’il a déjà reçus. Ce Maestro nous prouve une nouvelle fois à quel point la musique est essentielle dans un film et à quel point elle renforce la puissance narrative et les émotions.

Finalement, le long-métrage doit également beaucoup à la performance de son casting cinq étoiles. Difficile d’imaginer une autre star que Brad Pitt pour incarner cet acteur populaire qui déclinera petit à petit. La folie de Margot Robbie est contagieuse et l’actrice australienne, comme son personnage, crève l’écran d’un bout à l’autre. Mais la bonne surprise vient peut-être de l’étonnante performance de Diego Calva, pleine de subtilité et de charme.

N’ayez pas peur de la durée (après-tout, le film est légèrement plus court qu’Avatar 2) et foncez découvrir Babylon sur grand écran. L’expérience en vaudra la peine.

: la déclaration d’amour au septième art et la musique de Justin Hurwitz

 : quelques baisses de régime en troisième heure

LA scène : la première fête pour la virtuosité de la caméra, celle du « Hello college ! » pour le comique, la dernière pour le message

  • Note : 5 / 5

La bande-annonce:

Publicité

Un commentaire

  1. Comme tu le sais, je vais casser l’ambiance en disant que je n’ai pas du tout aimé. Il me semble que Chazelle, dans les excès et la profusion, perd en romantisme et en émotion, les deux vertus cardinales respectives de « La La Land » et « First Man ». Et c’est bien dommage. Il clame son amour du cinéma en opposant une mosaïque qui traverse cent trente ans de cinéma à trois heures de film malade et purulent, montrant la laideur des organes de production et la déchéance de ses acteurs. Ce nouveau récit motivé par l’ambition (point de rencontre de tous ses films) à mes yeux ne trouve jamais le bon ton, s’emmêle dans ses fils narratifs. Et justement, « Babylon » s’écroule comme Babel sur les ambitions de Chazelle, jusque dans le résultat du box-office. Dommage.

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.